Gordon Sheppard

Writer, Photographer, Filmmaker

Visions D’eau – Francine Grimaldi, L’été et rien d’autre, CBF-FM, 13 août 2005

“I visited a beautiful photographic exhibition — Visions d’eau. Photographs that make you feel good — taken by the ex-filmmaker Gordon Sheppard who has become much more known recently because of Hubert Aquin. Perhaps you’ve heard of his immense work on Hubert Aquin, entitled HA! […] 865 pages, which took him 25 years to write, an extraordinary work published by the McGill University Press. Sheppard is also a photographer. Visions d’eau features soothing, intimate works of nature, including waterlilies that float in the halflight or in the rain. Sheppard makes open reference to the waterlilies in the pond at Giverny painted by Monet. Sheppard’s treatment is different but very powerful. His paintings — because I call them paintings — transcend photography. The images are so beautiful, they’re moving. Photographs framed like paintings. It’s worth your while to go see them.”
-Francine Grimaldi
L’été et rien d’autre, CBF-FM, 13 août 2005

“Moi, j’ai visité une belle exposition. Visions d’eau. Des photos qui font du bien […] prises par l’ex-cinéaste Gordon Sheppard, beaucoup plus connu maintenant, à cause de Hubert Aquin. Vous avez peut-être eu connaissance de son immense ouvrage sur Hubert Aquin, qui s’intitule HA! […] 865 pages, 25 ans de travail, un ouvrage extraordinaire publié aux presses de l’Université McGill. Alors il est également photographe. Visions d’eau… il s’agit de paysages apaisants, intimes, des nénuphars […] qui flottent dans la pénombre ou sous la pluie. [Sheppard] fait ouvertement référence aux nénuphars de l’étang de Giverny peint par Monet. Son traitement est différent mais très puissant. Ses tableaux. — j’appelle ça des tableaux… [parce que] c’est plus que des photos… ça transcende la photo. C’est émouvant tellement c’est beau. Des photos encadrées comme des tableaux. […] ça vaut le déplacement.”
-Francine Grimaldi
L’été et rien d’autre, CBF-FM, 13 août 2005

Gordon Sheppard: des révélations d’intérêt public

Les oeuvres du photographe, cinéaste et écrivain montréalais, Gordon Sheppard, ont étonne son public tout au long de sa carrière. Son livre HA! : a self murder mystery, mi-roman, mi-chronique, présente le Québec des années 1960 a travers le suicide d’Hubert Aquin.

DAVID HOMEL

Publié en 2003 aux McGill-Queen’s University Press, il a été louangé par les critiques des deux communautés linguistiques de Montréal. Il s’agit d’un livre objet de presque 900 pages. On y retrouve, entre autres documents, un fac-similé du dernier mot qu’a écrit Aquin avant de tirer sa révérence, en 1977. Sheppard avait également fait paraître Signé Hubert Aquin, enquête sur le suicide d’un écrivain, aux Editions du Boréal Express, à Montréal, en 1985.

Il y a de nouveaux objets de Gordon Sheppard qu’on peut admirer à la galerie du salon b, au 4231b, boulevard Saint-Laurent, à Montréal, jusqu’au 11 septembre. Les photos que Sheppard nous propose m’ont surpris. Ce sont des images de nénuphars et d’herbes caressées par les eaux. L’exposition s’appelle Visions d’eau, et elle s’inspire directement du jardin du peintre Monet, à Giverny. Ce qui m’a surpris, c’est le sentiment de paix dans le mouvement qui habite ces photos, l’extrême attention aux détails de la nature. On dirait que Sheppard, après une carrière très variée et une vie tumultueuse, a justement trouvé la paix.

Ne nous étonnons pas que l’exposition ait lieu au salon funéraire, le Alfred Dallaire Memoria, créé par Jocelyne Légaré. (D’ailleurs, ce lieu vaut le détour, quelle que soit l’exposition en cours.) Gordon Sheppard a toujours enquêté sur la mort. Effectivement, HA! est une méditation sur le suicide et sa relation avec l’art et la politique. L’un des livres essentiels pour comprendre le Québec actuel. Multilingue, il devrait sortir sous peu chez Hurtubise HMH.

En regardant les photos de Visions d’eau, on dirait que Sheppard, après presque dix ans à partager son corps avec le cancer, a trouvé un équilibre entre l’impossibilité de l’existence et le besoin de continuer son cheminement personnel. Il qualifie le travail de l’artiste de « révélations d’intérêt public ». Les photos sont présentées dans des boîtes, ornées de feuilles d’or, telles des icônes. Mais au lieu d’abriter des images de la Vierge, les boîtes nous permettent de contempler la fleur d’un nénuphar, ou les ondes dessinées par des herbes dans un ruisseau.

Est-ce surprenant qu’un homme se tourne vers la spiritualité alors que la maladie le frappe? Sheppard, né à Montréal, mais ayant vécu à Toronto jusqu’en 1966, parle de la force spirituelle de notre ville qui émane de ses racines catholiques. Pendant que les Québécois catholiques s’efforcent d’oublier leur enseignement religieux, Sheppard y fait le tri, et y trouve des sources d’inspiration.

Et si ça lui permet de travailler et de rester en vie, tant mieux.

Le Devoir
septembre 2005