Gordon Sheppard

Writer, Photographer, Filmmaker

“Quand un Canadian analyse le supersuicide d’Hubert Aquin”, L’Agora, 2004

Quand un Canadian analyse le supersuicide d’Hubert Aquin

Jean-Pierre Bonhomme

HA! A SELF-MURDER MYSTERY


Gordon Sheppard
McGill-Queen’s University Press, Montréal-Kingston, 2003, 869 pages

En 1985 Gordon Sheppard publiait en français un ouvrage-clef dont l’objectif — fort bien atteint à mon avis — cherchait à établir les causes du suicide d’Hubert Aquin. Or cet ouvrage, écrit en collaboration avec la compagne d’Aquin, Andrée Yanacopoulo, n’avait pas eu bien des échos au Canada français. J’en avais moi-même fait état dans les pages de La Presse car je croyais alors que l’événement — symbolique par excellence que constituait le suicide d’Aquin — méritait d’être étudié à fond. Ne touchait-il pas cette question de la survie collective de tout un peuple ? N’était-ce pas Aquin qui avait le mieux décrit « la fatigue culturelle du Canada français »?

Mais le propos de Sheppard était alors tombé dans un silence gros, profond, comme une roche au fond du golfe Saint-Laurent ; l’explication de Sheppard nous renvoyait-elle une image noire, noire comme la Neige noire d’Aquin, que nous avions de la difficulté à regarder?

Le titre de ce premier ouvrage, Signé Hubert Aquin, enquête sur le suicide d’Hubert Aquin, en tout cas, ne passait pas par quatre chemins. Au centre du propos, comme une clef à la portée, se trouvaient des phrases dévastatrices qui concernent « le grand drame du mâle québécois », soit rien de moins que « la difficulté d’aimer la Femme ». A la page 292, Sheppard est direct: évoquant Trou de mémoire il explique: « depuis la conquête le mâle québécois a eu le sentiment d’être “conquis” vis-à-vis des autres hommes au monde, donc il s’est toujours senti humilié par rapport à la Femme québécoise, qui en plus, a garanti la survivance de la race (sic) en agissant comme mère dominante et, en faisant front commun avec l’Église, c’est-à-dire avec les hommes habillés en femme. » Et puis, « Si le mâle québécois a lutté pour l’indépendance politique c’est pour échapper à cette situation ». Entre-temps, (bien souvent> « il (le mâle québécois) fuit les femmes/mères québécoises pour se lier avec des femmes d’ailleurs qui lui font oublier ses complexes d’infériorité ».

S’il n’y a pas là sujet à polémique je me demande bien ce qu’il nous faut?

Aujourd’hui, soit 18 années plus tard, Gordon Sheppard publie un immense ouvrage, en anglais cette fois, qui reprend le propos en élaborant, en décrivant, en 800 pages, toutes les circonstances du tragique destin d’Aquin; un tour de force qui me paraît être, en quelque sorte, la description d’un syndrome qui caractérise le peuple québécois; l’équivalent d’une psychanalyse collective faite d’interviews, fort intelligemment réalisées, de tous les intervenants et de tous les témoins, sans oublier les citations d’auteurs divers pertinents à l’examen.

L’ouvrage, publié par la McGill-Queens University Press, offre donc maintenant au Canada anglais un nouveau portrait des Québécois, soit l’image éclatante d’un échec qui dépasse l’expérience personnelle d’un écrivain. Pour ma part j’y vois la formulation d’une symbolique, celle d’un tragique destin collectif. En tout cas, les symboles relatifs à cette affaire ne manquent pas. Le nouvel ouvrage a été lancé dans la grande salle de la bibliothèque Saint-Sulpice, fondée par les seigneurs de l’Ancien Régime pour propager la culture française à Montréal, et qui est devenue la Bibliothèque nationale des Québécois. Je n’ai eu cesse, depuis l’âge de 14 ans, de fréquenter ce lieu privilégié et protégé des médiocrités nord-américaines. Or, ce 29 octobre dernier, un noyau de l’élite intellectuelle canadienne-anglaise s’y est retrouvé — c’était la première fois à ma connaissance — pour diffuser là un ouvrage en anglais qui traite’ de nos faiblesses nationales françaises. Est-ce un signe des temps?

Les critiques, cette fois, ont été plus nombreuses et… fort élogieuses. Avec raison. Il a fallu à Gordon Sheppard, lui qui souffre dans son propre corps, une force exceptionnelle pour arriver au bout d’un Si difficile parcours. Son travail est une oeuvre. Mais, à ma connaissance, un seul critique a évoqué cette question centrale de la présumée faiblesse des hommes d’ici celui de The Gazette!

Mais alors, Si c’était bien vrai, ça, que l’homme québécois est un fils à maman, un mollasson? Sheppard nous aurait alors rendu un fier service en nous prévenant. Personne ne peut s’améliorer, n’est-ce pas, s’il ne voit pas l’ombre de son propre personnage.

Quoi qu’il en soit, Sheppard a la conviction de toucher à des vérités établies. S’adressant à la compagne d’Aquin — qui se désolait, après le suicide, des cachotteries de son difficile conjoint —, l’auteur s’exprime franchement: « ne vois-tu pas que le grand problème d’Aquin, dans sa vie, c’est de ne pas avoir pu affronter (stand up to) la femme ; qu’il souffrait du terrible malaise du mâle Québécois, celui d’avoir peur des femmes ? »

Et il prend ses interlocuteurs à témoins, notamment Jean Ethier-Blais, ce critique fort connu; professeur à McGill. Celui-ci reconnaît qu’Aquin est « un très grand artiste », mais il ne se gêne pas pour dire qu’à travers cet auteur on reconnaît « le fils à maman ». Dans son inconscient national, précise-t-i1, le mâle québécois a été « émasculé » par la Conquête britannique et, partant, cela a mené à la domination des femmes. Le suicide d’Aquin est-il symptomatique du suicide collectif des Québécois? La réponse c’est oui! Mais un lent suicide: « le Québec est conduit, avec ruse (cleverly), à un gentil (gentle) suicide ; ainsi « notre univers culturel se disloque peu à peu; et, éventuellement il y aura un effondrement ». Quant aux jeunes gens, peu importe, car ils sont complètement ignorants (uncultured)!

Il n’a pas tout à fait tort. Car je suis des cours de piano et de chinois à l’UQÀM, l’un des deux dans le pavillon qui s’appelle Hubert Aquin, justement, et il est rare de trouver là quelqu’un qui sache qui est Hubert Aquin! Quant au POURQUOI de son suicide…

Toutes ces choses sont bien difficiles à digérer. Mais si elles s’avéraient par certains de leurs aspects? En ce cas, Sheppard, Grand Voyeur par excellence, nous rendrait le service de porter notre ombre à la conscience, et, partant, il nous donnerait la possibilité d’une éventuelle renaissance.

L’intention avouée de Gordon Sheppard, dans sa quête obsessive, passionnée — c’est ce qu’il m’a dit lui-même —, est de faire comprendre à l’univers entier qu’Hubert Aquin est l’un des grands écrivains d’Occident. Peut-être bien. Mais moi je vais me servir de ce témoignage pour devenir un homme plus autonome, plus libre, plus solide, plus… vivant.
L’Agora
hiver 2004

“AQUIN, FRUIT DÉFENDU”, ICI, 2003

AQUIN, FRUIT DÉFENDU

Gordon Sheppard ose inviter le Canada anglais à lire Hubert Aquin pour se donner enfin une litterature qui dérange.
MICHEL LAPIERRE

Hubert Aquin, qui, comme le héros de son roman Trou de mémoire, discernait quelque chose de sadomasochiste dans le «fédéralisme copulateur», fascinerait-il les Canadiens anglais comme un serpent? Il semble que oui. En tout cas, Justin Trudeau n’est pas le seul à le soupçonner. Gordon Sheppard, journaliste et cinéaste montréalais, pose aujourd’hui en anglais la question qu’il posait en français dès 1977, juste après le suicide d’Aquin, à Andrée Yanacopoulo, compagne de l’écrivain durant les 12 dernières années de sa vie. «Hubert était-il circoncis?» Dans une langue comme dans l’autre, l’interlocutrice trouve la question impudique et ne répond pas.

Sheppard veut tout savoir. Il n’est pas loin de croire que la dimension sexuelle de la vie et de l’oeuvre d’Aquin pourrait ébranler the rest of Canada, le fameux ROC. «Ah!» dites-vous. HA! c’est précisément le titre d’un livre en anglais de plus de 800 pages que Sheppard publie ces jours-ci. S’agit-il d’une simple réédition augmentée de Signé Hubert Aquin: enquête sur le suicide d’ùn écdvain qu’il publiait en 1985 avec Andrée Yanacopoulo? «Pas du tout!» s’écrie l’auteur.

HA! serait plutôt la grande interjection qui jaillit de la poitrine des anglophones du Canada lorsqu’ils ‘reconnaissent, comme une partie intégrante de leur inconscient, l’indépendantiste québécois Hubert Aquin. Chose certaine, ce sont les initiales du grand écrivain qui, dès 1962, considérait le Québec comme une «Irlande au second degré» avec laquelle il entretenait «une liaison folle et dégradante».

Ceux qui espèrent trouver dans HA! des révélations biographiques stupéfiantes vont être déçus. Même Si Sheppard, fin limier, scrute la vie de l’écrivain québécois jusque dans les menus détails en la rattachant à l’oeuvre par des liens lumineux, il ne vise pas à résoudre le mystère du suicide d’Aquin. Il cherche à nous faire découvrir l’opacité de ce mystère existentiel qui coïncide avec un mystère littéraire. À cause de la dimension subliminale de son indépendantisme, matière littéraire et érotique regorgeant de paradoxes, Aquin exprimerait, comme Sheppard le laisse deviner, l’énigme de l’identité canadienne-anglaise encore plus que Robertson Davies, Timothy Findley ou Margaret Atwood!

TUER ET SE TUER

Aussi ne faut-il pas s’étonner que notre limier ait voulu faire de Montréal ce que Joyce avait fait de Dublin. Sheppard a eu l’ambition de créer une version canadienne d’Ulysse pour nous montrer que la vie et l’oeuvre d’Aquin constituent une odyssée qui plonge le Québec, aussi bien que le Canada anglais, dans l’abîme des interrogations universelles. Si, dans HA!, il a écrit peu de chose de son cru, il a su interroger avec beaucoup de perspicacité les amis de son propre ami Hubert. Son livre est un collage finement agencé d’entretiens, d’extraits de l’oeuvre d’Aquin et de celles des écrivains qu’elle évoque. Il renferme aussi des articles de journaux, des notices historiques et des photos.

HA! témoigne surtout d’une idolâtrie et d’un envoûtement qu’on aurait tort de prendre à la légère. C’est à juste titre qu’Aquin inspire à un Canadien aux racines anglo-celtiques une dévotion aussi extravagante. Le célèbre romancier n’a-t-il pas, en refusant de l’associer aux chars allégoriques du défilé de la Saint-Jean-Baptiste, dégagé le thème de l’indépendance du Québec de sa gangue cartésienne et de son carcan nationaliste pour en faire un thème shakespearien exposé aux tempêtes de l’irrationnel?

Dans Trou de mémoire, le révolutionnaire québécois Pierre X. Magnant, collé aux grilles du palais de Buckingham, masturbe Joan, sa maîtresse canadienne-anglaise, pour plus tard l’étrangler en la tenant responsable de son impuissance sexuelle. Il estime que la strangulation, cette «caresse» douce à l’extrême, se rapproche d’un «geste de vénération». Comme son héros, Aquin tient à partager avec l’adversaire historique, le monde anglo-saxon, la fatalité sexuelle de son «obsession» et de sa «seule passion», l’échec. Dans son esprit, écrire, c’est tuer et se tuer.

Sheppard pense que Christina Roberts, la dernière maîtresse d’Aquin, a pu inconsciemment aider l’écrivain à préparer sa plus grande oeuvre d’art: son suicide. Pour lui, la participation fantôme de cette Canadienne anglaise, dont il souligne la tendance au mysticisme, doit être imitée. Le livre très ambitieux de Cordon Sheppard invite secrètement le Canada anglais à s’associer, en littérature, au sacrifice d’Hubert Aquin pour enfin se payer le luxe du péché et de la folie.

Gordon Sheppard
HA!: A Self-Murder Mystery
McGill-Queen’s University Press, 870 p.

ICI
2 octobre au 8 octobre 2003

“Huber aquin ou le suicide comme oeuvre d’art”, Le Devoir, 2003

Huber aquin ou le suicide comme oeuvre d’art

HA! A SELF-MURDER MYSTERY
Gordon Sheppard
McGill-Queen’s University Press
Montréal-Kingston, 2003,
869 pages

MICHEL BIRON

C’est un livre qui ne ressemble à aucun autre. En près de neuf cents pages, l’écrivain et réalisateur Gordon Sheppard raconte le suicide d’Hubert Aquin qui eut lieu dans les jardins du collège Villa Maria, le mardi 15 mars 1977. Il avait déjà publié en français, en collaboration avec la veuve d’Hubert Aquin, Andrée Yanacopoulo, une version abrégée de cette enquête, sous le titre de Signé Hubert Aquin (Boréal express, 1985). Aujourd’hui, Sheppard signe seul ce HA! A Self-Murder Mystery, qui est tout différent du premier. Ce n’est plus seulement une enquête de type journalistique: c’est tout à la fois un roman à suspens, un essai biographique et un scénario de film avec une bande sonore délirante résumée au début de chaque séquence. Les entrevues (transcrites au complet, contrairement à l’édition en français) se mêlent à des extraits de textes en tous genres: de Dante à la chanson populaire, de Socrate aux statistiques affolantes du taux de suicide au Québec. C’est une somme d’un réalisme Si détaillé, Si indécent par moments, qu’on se sent dans la position du voyeur. Pire, on y perd bientôt le sens du réel, car on est pris de vertige quand Aquin et sa femme parlent des modalités pratiques du suicide. Celui-ci est plus qu’un fantasme d’écrivain ou une échéance sans cesse repoussée: c’est une réalité imminente. La lecture de ce livre est une expérience extrêmement dérangeante. Natures impressionnables et amateurs de littérature saine, prière de s’abstenir.

Dédié à la mémoire d’écrivains et d’artistes suicidés, l’ouvrage de Sheppard a quelque chose d’insoutenable. Et, pour plusieurs sans doute, quelque chose d’illisible. Pourtant, on ne cesse d’en tourner les pages, comme fasciné par tant de présences qui rôdent autour de la mort, de leur mort. Le suicide d’Aquin hante les esprits comme aucun autre au Québec: nous voici au fond des choses, comme l’avait promis le narrateur de Prochain épisode. Quelques-unes des personnes interrogées refusent d’y aller, refusent de considérer le suicide d’Aquin autrement que sous la forme d’un terrible échec. Mais pour d’autres, dont Sheppard, sa mort fut une oeuvre d’art, son plus violent chef-d’œuvre. Préparé dans les moindres détails, expliqué de façon lucide à sa femme et exécuté avec sang-froid, son suicide reste au moins partiellement un mystère pour les vivants que nous sommes.

On pourrait citer des passages bouleversants de ce livre, comme le récit des heures qui ont précédé le départ d’Aquin, à 14h, le 15 mars 1977: ce qu’il dit alors à sa femme, à son fils, ses lettres d’adieu, le choix de l’arme, etc. Mais cela donnerait l’impression que le livre verse dans le sensationnalisme, ce qu’il ne fait pas. Certes, tout y est — vraiment tout, absolument tout —, mais l’audace du livre de Sheppard est ailleurs. D’abord, dans la force des dialogues menés avec beaucoup de métier par l’auteur. Les questions sont directes, pénétrantes, nourries par une curiosité jamais satisfaite. L’enquêteur ne recherche pourtant pas la révélation scandaleuse (la mystérieuse maîtresse MM était déjà là dans la première version), mais il écrit en véritable romancier qui sait comment construire une intrigue et lui donner toujours plus d’intensité. Il fait d’Aquin un personnage proprement aquinien. Par exemple, après le récit éprouvant des dernières heures passées en compagnie de sa femme et de son fils, nous voici tout à coup devant Albert Camus, James Joyce, Jorge Luis Borges, Montaigne, Cesare Pavese, Fedor Dostoïevski, Miguel de Cervantès et quelques autres écrivains pour une autre sorte de messe funèbre. C’est là toute l’originalité de l’entreprise de Sheppard: il nous oblige à voir la réalité du suicide comme personne avant lui, le nez collé sur les détails.

Mais la littérature surgit elle aussi comme une réalité également vraie. C’est l’alternance entre ces deux univers, fictif et réel, qui est saisissante ici, puisqu’elle fait passer de la gravité morbide de la souffrance à la joie de l’intelligence. Malgré l’admiration qu’il éprouve pour Aquin, Sheppard n’a pas peur d’être avalé par le côté luciférien de son personnage; il le regarde droit dans les yeux, en conservant toujours entre eux deux la distance froide de l’écriture.

Peut-être fallait-il un Québécois d’origine non francophone pour écrire un tel livre. Peut-être fallait-il également une femme d’origine non québécoise pour aimer Aquin au point d’accepter de ne rien faire pour prévenir son suicide. Quelques-uns ont jugé sévèrement Andrée Yanacopoulo pour ce geste qui risquait d’être interprété comme de la non-assistance à une personne en danger. Mais sa conviction reste sans appel et force le respect Ce personnage de la conjointe n’est d’ailleurs pas moins fascinant que celui d’Aquin. On pourrait en dire autant de quelques autres personnages féminins tant le rapport compliqué qu’Aquin entretenait avec les femmes est un des thèmes majeurs de ce livre. On s’aperçoit que c’est souvent avec des femmes originaires de l’extérieur du Québec qu’Aquin éprouve la plus vive attirance.

D’ailleurs, les rapports d’Aquin avec le Québec apparaissent hautement paradoxaux tout au long de cet ouvrage. Ajuste titre, Jacques Godbout voit en lui un éternel «retour d’Europe», constamment déçu par son pays. Il aurait voulu que le Parti québécois, après son élection le 15 novembre 1976, fasse appel à ses services; il rêvait de servir la cause nationale, de lancer de vastes projets. Peine perdue. Le Québec n’est jamais à la hauteur du génie d’Aquin.

Le Devoir
Les samedi 1 et dimanche 2 novembre 2003

“Hubert Aquin, Next Episode”, La Presse, 2005

Hubert Aquin, Next Episode

NATHALIE PETROWSKI

It happened exactly twenty-eight years ago plus a day. On a Tuesday March 15th, like yesterday. The snow had started to melt. The mild temperature registered 6 degrees Celsius. The morning’s headlines reported that the Montreal Canadiens had broken a hockey record, that the fortune of the billionaire Howard Hughes was but a shadow of what it had been, that there were a million unemployed in Canada, and that for [Québec premier] René Lévesque Ottawa was synonymous with inertia.

A little after two o’clock in the afternoon, Sherry Monahan, a 35 year-old nurse, born in Vancouver of Irish parents, was bringing her dog Mandy back from a dog-care centre. The shortest route to her home took her on to the tree-lined laneway that ran through the grounds of the Villa Maria convent school. Half-way up the lane, she suddenly stopped in front of a scarlet, two door Ford Granada, parked on the side of the road. It wasn’t so much the car that gave her the chills but the two male feet that extended from behind the car. Her eyes stopped for a moment on the brown Oxford shoes, then moved up the impeccable blue pants with fine white stripes on which the barrel of a gun had fallen. Suddenly comprehending what had happened, Sherry turned sharply aside, trying not to vomit.

The man was called Hubert Aquin. He was 47 years-old and, four months after the election of the [separatist] Parti Québecois as Québec’s government, Aquin had just shot himself in the face with the shotgun he’d inherited from his father.

Thus begins a gripping story, in a thick volume of 865 pages, published in English a year and a half ago by the McGill-Queen’s University Press. Bearing the laconic title of HA! (the initials of Hubert Aquin) this work, written by the Montreal filmmaker Gordon Sheppard, is the investigation of a planned suicide, recounted with dialogues, music and décors. During the major part of his adult life, Hubert spoke of suicide. During almost an equal amount of time, Gordon Sheppard sought to know why that subject, rather than sovereignty, literature or renewal, so fascinated this great Québec writer.

The final product is a book unlike any other. It’s a living hybrid, practical and palpitating, that has more in common with a psychological thriller than with an essay. Moreover, it doesn’t address itself to an elite but to anyone who wants to know who, really, Hubert Aquin was, and why we should not forget him.

I speak about this today because it’s the 28th anniversary of Aquin’s death, because it’s the 40th anniversary of his first novel Prochain épisode [Next Episode], but also because HA! so captivated me that it enriched and overwhelmed me.

Until I read HA! I only knew one or two things about Hubert Aquin: that he was a great writer, who was also a powerful intellectual, one of the original nationalists, a failed terrorist, and the author of grand, thoughtful texts. I hadn’t read any of his books, not even when, by the greatest of ironies, Prochain épisode, the hallucinatory story of a separatist who wants to take up arms, won the battle of the books competition [Canada Reads] at CBC in 2003, and soon found itself heading the best-seller list in English Canada.

The noisy media attention given Prochain épisode in 2003 convinced me of Aquin’s immense talent, but not of the necessity of reading him. HA!, yes. Because this unearthly book, to which Gordon Sheppard consecrated more than 25 years of his life, is a reference work as extraordinary as it is impossible to ignore. In a hundred years, when we all will have disappeared and the Hubert Aquin pavilion at UQAM will have been torn down or turned into a Price Club outlet, HA! will tell our heirs who we were, how we lived, and why, sometimes, we died.

HA! is not only the autopsy of a spectacular suicide, regarded by some as the most successful of Aquin’s works. It’s an exhaustive portrait of modern Québec, with its greatness, its miseries, its ambitions, its weaknesses and failures, and its drifting about. Entirely made up of interviews with witnesses, hence of living, animated words, which relate the most insignificant details as well as the greatest events, HA! takes us back to Hubert Aquin’s roots as well as to those of a Québec in a period of great change, capable of the greatest advances but also profoundly trapped by a past from which it hasn’t succeeded in freeing itself.

Gordon Sheppard told me yesterday he wrote this book for foreign readers so that the works of Aquin would finally enjoy the international reputation which had always eluded them. But at this point in our history, as the memory of Aquin is being forgotten day by day to the point that it now refers to nothing more than a building in concrete [the pavilion at the University of Québec in Montréal that bears his name], it’s urgent that this book shine forth here [in Québec], in our bookstores as well as in our libraries and universities.

Until quite recently, for legal reasons Sheppard couldn’t publish the French version of this book, even if all the interviews were originally conducted in French, including those with Andrée Yanacopoulo, Aquin’s widow, as well as those with Gérald Godin, Pierre Bourgault, Yves Michaud, Jacques Godbout and others. This legal obstacle was lifted in 2000, but no contract for a French version has yet been signed with a Québec publishing house.

Money is a big factor here. Above and beyond the size of the book, there is the graphic complexity of laying out the many photographs and drawings included in the book, as well as the very compelling reproduction, on lined yellow paper, of the suicide letter that Aquin left his wife, plus the reproduced postcard sent from Switzerland to his son Emmanuel two weeks before his death.

The interprise is costly, but the pedagogic, literary and cultural impact that this book is likely to have on future generations has no price.

In taking his life with his father’s gun, on the tree-lined roadway of the Villa Maria convent school on March 15 1977, Hubert Aquin believed it was all over for him. He was mistaken. There has been a follow-up. There is now a next episode 865 pages long which bears a title comprised of two letters of the alphabet.: HA!, an expression of surprise, if not that of a great laugh when one discovers that there is a life after death.

La Presse
Montréal Wednesday March 16, 2005

“Aquin est-il un écrivain universel?”, La Presse, 2003

Aquin est-il un écrivain universel?

LUC PERREAULT

Sur les murs de son atelier, rue Peel, en plein golden square mile, des photos encadrées de personnes connues ou moins connues présentent un point commun: tous s’affichent en vêtements liturgiques. Ces photos qui semblent sorties tout droit de Fellini-Roma – vous vous souvenez de cette séquence hilarante du défilé de mode religieux ? – font partie d’un projet d’exposition qu’il prépare depuis un certain temps.

On l’avait connu cinéaste mais, depuis une vingtaine d’années, Gordon Sheppard s’est converti à la photographie. Après l’échec d’Eliza’s Horoscope, en 1976, il avait renoncé à l’idée de tourner un second long métrage. Une exception pourtant: The Most, un documentaire sur le patron de Playboy, Hugh Heffner. Toutefois, son projet le plus audacieux, son grand oeuvre, il y travaille depuis plus de 25 ans. Il va enfin, ces jours-ci, cueillir le fruit de son labeur: la publication de HA! A Self Murder Mystery, un ouvrage monumental consacré à Hubert Aquin.

Il ne faut pas chercher longtemps la clé de ce HA! Il s’agit simplement des initiales d’Hubert Aquin reproduites d’après le dernier message de l’écrivain, rédigé de sa main et trouvé par les policiers le jour fatal de son suicide dans un stationnement du collège pour filles Villa Maria, le 16 mars 1977.

Coédité par les Presses des universités McGill et Queen’s, l’ouvrage surprend par ses proportions colossales: plus de 850 pages, de nombreuses illustrations, des citations tirées d’Aquin ou de grands auteurs, de multiples digressions, une savante typographie reflétant les divers niveaux de l’ouvrage, sans parler, au début de chacun des 41 chapitres, d’une curieuse suggestion de paysage sonore en harmonie avec le propos développé.

Pourquoi en anglais? Sheppard explique que le choix de cette langue découle d’une entente avec la veuve de l’écrivain, Andrée Yanacopoulo. Ensemble, peu de temps après la tragédie, sous le titre de Signé Hubert Aquin, ils avaient publié le témoignage de Mme Aquin et d’autres proches. Sheppard s’était alors réservé la possibilité, mais après l’an 2000 seulement, de publier le fruit de l’enquête qu’il aurait lui-même menée, à la seule restriction qu’elle ne soit pas en français. Une édition en français de HA! n’est toutefois pas à exclure. Tout dépendra, reconnaît l’auteur, de l’intérêt suscité par cette première édition.

Une seconde raison l’a poussé à adopter la langue de Shakespeare. Il voulait faire connaître à un public cultivé vivant hors Québec l’oeuvre d’Aquin, qu’il considère comme le plus grand écrivain que le Canada n’ait jamais connu. Celui-ci, estime-il, peut prétendre à une stature internationale. Pour son malheur, il n’a pas eu droit, comme bon nombre d’artistes québécois, à son Angélil.

À cause de ce parti pris, Sheppard s’attarde à expliquer dans le menu détail cette réalité complexe qu’est le Québec, alignant les don-nées statistiques sur Montréal et le Canada jusqu’à rappeler ce que fut le FLQ. HA! adopte souvent l’allure d’un cours Québec 101 destiné à un public vivant hors de nos frontières ou à des autochtones qui auraient oublié leur passé récent.

Un suicide qui surprend

Né à Montréal, Sheppard est parti dès l’âge de 5 ans vivre à Toronto, où il a poursuivi ses études. En revenant à Montréal en 1966, il a opté pour la culture québécoise.

«J’ai compris que la seule façon de vivre ici, c’est de vivre en français. Quand j’ai lu Aquin (en français) pour la première fois, tout de suite j’ai su que c’était un grand écrivain. »

Il en était si convaincu qu’il a publié une critique très élogieuse de Prochain Épisode dans un journal de Toronto.

«J’ai rencontré Hubert à cause de mon long métrage, relate-t-il. Mais, même Si on s’est vu très souvent en 1976, je n’ai jamais eu un seul soupçon qu’il allait se suicider. »

Même s’ils étaient devenus amis, leur intimité n’allait pas jusqu’au point qu’il soit mis dans le secret de son suicide, ce qui, avec le recul, ne l’étonne guère.

«Je pense qu’il a choisi les gens à qui il a confié ses hantises. Moi, il ne m’en a jamais parlé. Au contraire, il était toujours gai, exubérant, plein d’énergie. J’ai été très surpris par son suicide et surtout d’apprendre qu’Andrée, sa femme, était au courant. »

Le jour qui a suivi ses funérailles, il a téléphoné à celle-ci pour lui proposer de réunir des documents sur le disparu avant que l’oubli ne fasse son oeuvre. Leurs rencontres se sont multipliées.

«Je dirais que le travail s’est étalé sur 26 ans mais que le gros du travail a été accompli en 1977-1978.»

Au début, il dit avoir hésité à s’immiscer ainsi dans la vie privée de l’écrivain. La délicate question des enfants le préoccupait. Mais deux citations de Flaubert, qu’Aquin lui avait refilées, lui sont apparues comme un feu vert de sa part pour tout dire.

«Je sentais une grande responsabilité, dit-il. J’étais très conscient du fait que je jouais avec la vie des gens.»

Son ouvrage procède à la façon d’une enquête policière doublée d’un questionnement historique sur la place symbolique occupée par Aquin dans le Québec moderne, ses rapports notamment avec la cause indépendantiste.

Le livre n’est pas avare de révélations sur l’écrivain. Parmi les signes avant-coureurs du drame, Sheppard s’attarde longuement sur son congédiement de son poste de directeur littéraire des Éditions La Presse. Il souligne à quel point cette perte d’emploi en août 1976 allait peser lourd dans ‘sa décision de s’enlever la vie six mois plus tard même s il préméditait son geste depuis 1974.

Minute par minute

Son suicide est décrit minute par minute. Interrogé sur ce qui l’a le plus troublé dans la mort d’Aquin, l’auteur mentionne un détail: «La fumée qui se dégageait de son corps, comme le signale un rapport de police que j’ai pu retrouver. »

On a droit aussi à des recoupements qui jettent un éclairage sur l’ensemble de sa démarche. Ainsi à la fin de sa vie, Aquin avait une maîtresse, identifiée seulement dans le livre par les initiales M.M. Il en sera longuement question dans HA! Elle viendra même témoigner à la barre. Ses aveux, rapportés à la veuve, vont susciter de nouveaux rebondissements qui viendront à leur tour enrichir la connaissance qu’on avait des derniers mois d’Aquin.

«C’est un livre conçu par un cinéaste mais qui posséderait aussi une expérience de la radio. Je trouve aberrant en 2003 qu’on publie encore des livres tels qu’on les concevait au XVIIIe siècle. Le mien est visuel, sonore même. Il n’aurait pas pu se faire sans l’ordinateur. Comme Dante et sa Divine Comédie, j’ai voulu utiliser la langue de mon époque. Toutes les conversations reproduites dans le livre sont originales mais travaillées 100 fois grâce à l’ordinateur. Je n’ai jamais faussé la pensée des personnes interviewées. Mais l’ordinateur m’a permis de manipuler ces informations, de jouer avec le matériel dont je disposais. »

L’allusion à Dante n’est pas fortuite. Les neuf parties du livre s’inspirent des neuf cercles de l’enfer de Dante, lequel est d’ailleurs illustré dans le livre par un dessin. D’une érudition impressionnante, Sheppard va jusqu’à découvrir, entre autres, des liens entre Aquin et le chef-d’oeuvre de James Joyce, Ulysse.

Si environ le tiers de l’ouvrage consiste en une interview-fleuve avec Andrée Yanacopoulo, la liste des autres interviewés n’en est pas moins impressionnante. Certains, comme Jacques Languirand, virent dans l’ésotérisme. D’autres, comme le regretté Jean Éthier-Blais, tirent des conclusions politiques de la démarche d’Aquin. Finalement, le suicide de cet écrivain serait-il’ le reflet anticipé du suicide collectif du peuple québécois ? C’est la question que suggère Sheppard mais à laquelle il ne donne pas de réponse.

En entremêlant faits vérifiés et spéculations à propos de la mort d’Aquin, son ouvrage n’est pas sans rappeler la démarche du film d’Orson Welles, Citizen Kane.

« Sauf qu’il n’y a pas de rosebud chez Aquin », conclut l’auteur.

On retiendra seulement la place prépondérante que le chiffre 9 a occupée dans sa vie.

La Presse
Montréal dimanche 19 octobre 2003

Montreal Reverie, vancouveReview, 2004

MONTREAL REVERIE

Rodney Clarke relives Aquin’s Sad end

In 1968, Hubert Aquin caused a minor scandal when he became the first writer to publicly turn down a Governor General’s Literary Award for fiction, based on his passionate belief in Québec sovereignty. Perhaps a few readers dimly recall the stylish but neglected French Canadian separatist as a literary trendsetter of sorts (his best-known novel being 1965’s Next Episode). But the truly shocking thing Aquin did on a clear spring day in 1977 was to take his own life, four months to the day after the election of Rene Levesque and the PQ.

The events of that day, and what led up to them, form the core of HA! A Self-Murder Mystery. Twenty-five years in the making and well worth the wait, the book is a tour-de-force biography as well as an idiosyncratic and fascinating tour of Aquin’s literary influences, specifically Dante and Joyce. What makes it a delight to read is our guide to this particular fresh hell, Gordon Sheppard: a fluently bilingual Torontonian with a passion for his subject and that subject’s bête noire, Montreal.

Written entirely in interview format, the book has a multifarious documentary feel that Sheppard uses to great effect. Is it an encyclopedic novel? Or some kind of postmodern, operatic tour of the underworld? Perhaps it is the basis for a film, since Sheppard is a filmmaker. Readers are immediately drawn into a hypertext of sorts, complete with soundscapes, sidebars, maps, notes, postcards, bestseller lists, weather reports, headlines of the day-even two facsimile letters in Aquin’s handwriting on the yellow foolscap he favoured.

We hang out with Aquin’s friends and lovers, and many of the era’s poets, musicians and politicians make appearances. Trudeau shows up, escorting Sheppard around the Plateau in his sports car. Places important to Aquin, especially his favourite restaurants, become the focal point for many interviews, enhancing the book’s realistic feel. Sheppard painstakingly reconstructs almost everything to the last detail. For example, he interviews Janos Rozso, the highly literate waiter who served Aquin his last meal out, and for whom Aquin danced and sang in Greek.

Armed only with a Sony TC-442 tape recorder, Sheppard gets pulled into his subject matter. He starts by interviewing Andrée Yanacopoulo, Aquin’s widow, just one week after the suicide. Her frankness and total lack of ambiguity surrounding the event is inspiring. Readers glimpse her startling and passionate relationship with the temperamental and frustrating Aquin. Her inner strength, in a way, allows this book to exist. It’s hard to convey the understanding Andrée possesses of her husband’s death wish without making her out to be a disillusioned accomplice; she is anything but.

As the novel progresses, an intimate triangle forms; Shepard becomes, of necessity, embedded in his own book. Its highlight may well be the wake for Aquin that Sheppard imagines taking place in the basement of a Catholic church in the Parc Lafontaine district where Aquin was born—the Eglise Saint Louis-de-France. With himself as moderator, he sets up a vivid and hilarious meditation on death and dying. As a Knight of Columbus MC cajoles responses out of the laconic crowd, this 30-page riff alone is worth the price of admission.

Reading this book is the next-best thing to actually being in Montreal. The thing to do, if you find yourself in that city, is to pedal to Parc Lafontaine on your bicycle, select a bench in the sun on the serpentine canal, and open this book. Montreal will unfold before you.

vancouveReview
summer 2004

The ultimate act, Montreal Review of Books, 2003

The ultimate act

HA!:
A Self-Murder Mystery
By Gordon Sheppard

McGill-Queen’s University Press, 865 pages, $39.95
ISBN 0-7735-2345-6

A first glance, HA! seems daunting: 870 pages on the subject of the suicide of one of Quebec’s most distinguished writers, Hubert Aquin. To Gordon Sheppard’s credit, though, this book is not only readable but extremely fascinating. (It’s visually stimulating, too, incorporating a wide range of complementary illustrations, maps, photographs, and reproductions of paintings, excerpts from Aquin’s novels, and a fragment of his last work Obombre, all of which serve to fill out the world where Aquin lived and worked.)

Sheppard is an award-winning filmmaker whose friendship with Aquin came to an end on March 15, 1977, when the 48-year-old writer committed suicide on the grounds of Villa Maria convent school in Montreal.

Aquin was by then a well known literary figure and indépendentiste. Born in Montreal’s East End in 1929, he attended l’Université de Montréal, and studied in Paris at the Institut d’études politiques in the early 1950s. On returning to Montreal, he worked as a producer at RadioCanada and a scriptwriter and film director at the National Film Board. In the 1960s, he became involved in the Rassemblement pour l’Indépendance nationale, and eventually joined an underground terrorist movement. In July 1964, he was arrested for possession of a stolen vehicle and an illegal firearm.

While incarcerated (he was later acquitted in court), Aquin wrote his first novel, Prochain Épisode. Its publication in 1965 saw Aquin hailed as the great writer Quebec had been waiting for. The book broke with conventions of form and content, and was lyrical and darkly symbolic. His next novel, Trou de Mémoire, won the Governor General’s Award, but Aquin turned down the prize for political reasons. By the time his fourth novel, Neige Noire, appeared in 1974, Aquin felt depleted, anxious that he had no more to write about.

HA! focuses on the last few weeks of Aquin’s life. Sheppard reveals how troubled he was by Aquin’s “self-murder,” and how he recorded a conversation soon after the funeral with Andrée Yanacopoulo, Aquin’s wife and the mother of Emmanuel, their son. It became a cathartic exercise; Sheppard continued to interview Andrée over many years, and the idea for HA! took shape.

The more or less verbatim “conversations,” blending gossip and insight, are the core of this gargantuan book. Sheppard speaks with Lucille Aquin, the author’s mother, and MM, his not-so-secret lover, as well as friends like writer/filmmaker Jacques Godbout, and Sheila Fischman, translator of Neige Noire. (One of the few to turn down Sheppard’s interview request was a certain Pierre Trudeau, then Prime Minister of Canada.)

Like an investigator in Aquin’s favourite genre, the detective novel, Sheppard goes even further, interviewing Aquin’s cleaning lady, the priest who officiated at the funeral, and the coroner who was so shook up by Aquin’s death that he went out and bought Neige Noire the same day to read.

Sheppard fleshes out the book with other material, some lurid, some trivial. We learn that Aquin liked to order chicken from St-Hubert Bar-B-Q, which was founded by his brother’s son. More important is the vivid fictional piece that recreates the events on the day of Aquin’s suicide at Villa Maria, and the distress it caused at the school among students and teachers.

Does Sheppard arrive at any conclusions? Everyone interviewed has a different view. Aquin may never have recovered from his abrupt dismissal as literary director of Editions de la Presse. His deteriorating state of health might have pushed him over, too: Aquin had an addiction to alcohol and had developed epilepsy.

HA! cannot fully elucidate Aquin’s suicide but it does pay homage to the man. It also poignantly conveys the explosive impact suicide has on family, friends, co-workers, and the community.

By Anne Cimon, a Montreal writer who recently published a bilingual edition of her poetry All We Need/Tout ce qu’il faut (Borealis Press)

 

Montreal Review of Books
Fall/Winter 2003

“Gord said HA!”, Vue Weekly, 2004

Gord said HA!

BY CHRISTOPHER WIEBE

When Hubert Aquin (1929-1977) killed himself on the grounds of the convent Villa Maria in Montreal, he left behind arguably the finest body of literary work produced in Quebec in the 20th century and an intellectually vital life that yoked Quebec nationalism and literary discovery. No less astonishing, perhaps, is the monumental fiction/biography HA!: A Self-Murder Mystery (McGill-Queen’s) that Montreal filmmaker and writer Gordon Sheppard has made out of the texts and memories Aquin left behind in a quest to understand his suicide. The result is a sprawling 870-page book that overwhelms every description, a book without equal in Canadian literature.

Completed between 1977 and 1999, the core of HA! consists of transcripts of dozens of interviews that Sheppard conducted with Aquin’s family, co-workers and friends from various periods of his life. It’s also a compendium of tantalizing ephemera, including maps, photographs, newspaper articles, extracts from the National Assembly, scribbled diary notes and police sketches, potted descriptions of nationalist organisations like the RIN and FLQ, summaries of events such as the 1837 Rebellion and a facsimile reproduction of Aquin’s suicide letter. The reader, as one might guess, is inundated with information of varying magnitude: we find out, for instance, that Aquin had exactly 99 cents in his pocket when he died, and that the young woman who discovered Aquin’s body was walking her dog Mandy, named after the Barry Manilow song.

The central “source” in Sheppard’s text, without whom the book would have been severely compromised, is Andrée Yanacopoulo, Aquin’s partner for 12 years. A psychologist specializing in suicide, she has a sophisticated emotional literacy and an almost frightening capacity to remember and assess in great detail memories that are unimaginably painful. Yanacopoulo collaborated with Sheppard on a 1985 book about Aquin’s suicide, Signé Hubert Aquin, which was constructed in much the same manner as HA! though, at 350 pages, less than half the size. Another important contributor is McGill literature professor Jean Ethier-Blais, who believes Aquin left behind a tragically incomplete legacy: “By committing suicide he misfired — he missed out on his final ‘becoming’ as a writer…. He tried everything, and he didn’t go to the end of anything.”

It is clear from the interviews that Aquin was an exceptionally gregarious person with a galvanic personality and sense of humour — encounters with him clung like burrs in people’s memories. He was also very moody and needy, and intimacy could quickly lead to accusations of betrayal. Aquin talked of suicide throughout his life with many people. “I die, therefore I am” was his motto. HA! circles around the many possible reasons for his suicide, particularly his unemployment, a bad case of writer’s block, his “rejection” by the Quebec Independence movement and his broken relationship with his ex-wife and the custodial loss of his two sons.

In his exploration of Aquin, Sheppard takes us inside the Quebec intelligentsia of the 1960s and ’70s, a world driven by political and artistic revolution. “He always had the gift for saying things that shouldn’t have been said,” says poet/politician Gerald Godin. “He pushed society to the wall…. In that sense, one can say that he was unbearable and impossible and irreplaceable.” When they theorize about his life and work, Aquin’s friends constantly draw parallels between him and Quebec: one becomes a metaphor for the other. Aquin wrote his metafictional first novel, Prochain Épisode (1965), about a revolutionary writing about his attempt to kill an elusive spy while in a psychiatric institution awaiting trial as a terrorist Neige Noire (1974), his last novel, is a haunting work of intimidating complexity that combines the screenplay form, sadoeroticism and a Hamlet intertext. He saw the Canada Council as a colonial tool and in 1969 became the first Canadian to refuse a Governor General’s Award.

One of the most astonishing elements of HA! is the way the biographical “evidence” feels unmediated, forcing the reader to sort the materials into the pro-found and inane, and make sense of them. This brings the reader “into” the text like an Aquin novel. In so doing, HA! confronts the reader with their own insatiable hunger to know, raising the question of at what point voyeurism shades into an assault on the integrity of another person. Of course, HA! is mediated by the questions Sheppard asks and, less obviously, by the way he “edits” the book like a documentary filmmaker, cross-cutting between one opinion and another. Midway into the book, Sheppard makes the story of his obsession with Aquin dear, so we begin to understand the biographical subject and his pursuer side by side. Like A.J.A. Symons’s The Quest for Corvo: An Experiment in Biography (1934), Sheppard shows us that a biography is always infused — consciously or not — with the life of the person who wrote it.

Using a brilliant experimental form, Sheppard brings Aquin to throbbing and pulsing life in a way no conventional biography could. As writer Jacques Godbout so aptly put it: “I think you can take all the clues and do as [Aquin] did to produce his books…. You rearrange all the clues. That’s why his death seems to me to have been a success: you can make a thousand exegeses of it.”

Vue Weekly
January 29-February 4, 2004

HA! By Gordon Sheppard Georgia Straight, Vancouver, 2004

HA! By Gordon Sheppard

McGill-Queen’s University Press, 869 pp, $39.95, hardcover.

By John Burns

26-Feb-2004

Last year’s announcement that the Canada Reads award would fall to Prochain Episode, a 1965 novel from Québécois Hubert Aquin, finally (and happily) settled a question the writer raised when he and his .12-gauge shotgun made a one-way trip to a Montreal convent way back in 1977: namely, who cares?

Aquin’s suicide—blamed at various times on his obscurity, neglect, the political climate, his past lives, a cultural inferiority complex, a sexual inferiority complex, poor health, hypochondria, and alcoholism—can at least be cleared of a failure of artistry. Cold comfort to him, perhaps, but English-speaking Canada now seems prepared to catch up to his violent, fugitive style, his difficult, revolutionary language, and his conviction that in his four novels, his essays, and his stories he wrote in support of a subjugated people.

There was nothing simple about Aquin’s life, nothing simple about his books. It’s fitting, then, that there be nothing simple about his death and its repercussions. Or, as Québécois filmmaker Jacques Godbout tells Gordon Sheppard, a friend and colleague of Aquin’s who’s been considering that gunshot for the past quarter-century: “His suicide has had the effect of causing you to produce a book, mon cher! If the book is good, it will be in effect the making of the work that he attempted to create with his suicide. So the book is important; and it should be made in the way he would have done it. That is, you can’t offer a definitive explanation of why he did it: you can only offer the twenty-two facets, the seventy-five clues.”

Sheppard, a French-speaking Anglo, goes a whole lot further than that in HA!, interviewing, over almost 900 pages, scores of friends, intellectuals, witnesses, family (heartbreakingly), artists, lovers, and more, all to resolve the book’s subtitle: A Self-Murder Mystery. Sheppard’s irresolute postmortem, his open-ended inquest, is perhaps the most fascinating study—fictive or not—of Canadian letters I’ve ever read. HA!, like its namesake, confounds easy assumptions, as his widow does when she explains her complicity: “He really made a success of his death and I am happy about that. If I may say so, we made his suicide together.” It is brutally sad, as in the few interviews with Aquin’s son, nine at the time of his death and bewildered. It is maddening in its slippery use of self-conscious translation, of pseudonymity, of “fiction created from a transposition of the facts gathered in the testimonies”.

Aquin would have been delighted.

Bill Richardson interviews Gordon Sheppard on Richardson’s Roundup on CBC Radio One Friday (February 27), after 2 p.m. For info on this year’s Canada Reads winner, Guy Vanderhaeghe’s The Last Crossing, visit cbc.ca/canadareads/.